L’idée du Granit’Tour est venue d’une frustration. Devoir redescendre dans la vallée après l’ascension d’une seule voie de granite (ou même deux), même avec la promesse d’y remonter le plus vite possible est toujours frustrant. Si la fatigue est là et le besoin de repos bien présent, celui de repartir à l’assaut d’une nouvelle ligne, de profiter des sensations encore fraiche, est à chaque fois récurrent.
L’escalade en granite est addictive, elle exige un certain nombre de qualités physiques et mentales qui ne s’acquièrent pas facilement. A l’endurance physique s’ajoute celui de l’art de la pause des protections et de l’acceptation de l’engagement. Quand aux techniques de verrous de doigts, de poings, de pieds et de tout ce qui peut se coincer dans le corps humain, je crois que l’apprentissage n’est jamais terminé.
Enchainer d’un trait 10 des voies dont je rêvais et que je me promettais de faire depuis des années, symbolisait certes un certain manque de sagesse, mais également la garantie que cette fois-ci elles ne m’échapperaient pas.
Une fois le rêve en tête, le venin s’est diffusé… Plus proche du neuro-toxique que de l’hémo-toxique, le bon poison ne m’a plus lâché pour muter petit à petit en projet puis finalement devenir un objectif tangible. A chaque fois, le cheminement entre l’idée et sa réalisation me bluffe. Toute cette énergie qui s’agglomère et rend les choses concrètes et réalisables a quelque chose de magique.
Depuis le début l’idée de cette traversée est associée à celle de la présence des amis. Former une grande cordée regroupée autour du projet, a toujours été une priorité. Mais pas facile en pleine saison, sans date fixe, de réquisitionner les copains guides ou grimpeurs.
Aymeric Clouet était bien partant pour en être, mais bien accaparé par ses clients,
Adam Ondra également partenaire de Montura semblait emballé mais finalement totalement absorbé par son projet surhumain de 9c !!! Baptiste Derbhilly un des gérants de la salle Corti grimpe à Annecy, bien occupé lui aussi mais motivé, Antoine Rolle,
partenaire du Groenland l’année dernière, semblait aussi « chaud patate » mais en pleine préparation d’une expé en Inde. Bref, pas facile de caler tout ça !
Enfin
Sean Villanueva, contacté par mail, paraissait aussi insaisissable qu’intéressé. Tout de suite enthousiaste, même par mail j’arrivais à peine à le suivre à distance parmi tous ses déplacements. Détail qui n’est est pas un, nous n’avions jamais grimpé ensemble ! Mais à travers nos échanges je pressentis très vite que l’idée de ne faire qu’un bout du parcours ne lui suffirait pas, il ne ferait pas une partie du voyage mais TOUT le voyage !
La suite dans le prochain billet de blog 😉
Christophe