[vc_row][vc_column][vc_column_text]Suite du premier épisode sur le Granit’Tour à retrouver ici

De la fenêtre du refuge de la cabane d’Orny nous observons le Clocher du Portalet, il a la forme d’un magnifique quartz fumé. La ligne d’«Etat de Choc » est évidente, rectiligne. Demain, des orages sont annoncés en fin de matinée, nous devrons faire vite. Dès les premières longueurs je comprends que notre cordée va parfaitement bien fonctionner. Les seules paroles échangées sont destinées à nous faire rire, le reste de l’attention est portée sur les verrous de doigts, de mains, de poings que les fissures nous imposent.

 

En deux heures à peine, nous avalons la ligne et sommes en bas avant l’orage. Les premières gouttes font leur apparition lorsque nous poussons la porte du refuge de Trient.

Loin de la tranquillité du bivouac et des ciels étoilés, nous bénéficions d’un gite au sec et d’un couvert abondant et roboratif. Un lyophilisé et une nuit sous tente à deviner la distance de l’orage entre éclairs et tonnerres n’auraient pas eu le même effet.

Au réveil, le vent est violent. Là encore dans la face sud Ouest de l’aiguille de la Varappe nous privilégions l’action à la contemplation. Les cordes à l’intérieur de la doudoune pour qu’elles ne sifflent pas au-dessus de nos oreilles, nous descendons aussi vite que possible, le soleil n’a toujours pas fait son apparition.

Au cheminement vertical de l’escalade s’ajoute le déplacement horizontal de la traversée. Au cœur des glaciers tourmentés par une sécheresse qui dure, nous sommes seuls à parcourir ses recoins peu fréquentables du massif du Mt-Blanc. Qui aurait l’idée de passer le col du Chardonnet en été ?

A la dureté des éléments rencontrés la journée s’oppose la douceur des refuges. Mettre les pieds sous la table et s’allonger dans un lit moelleux après une journée d’effort est pour nous ce qui se fait de mieux. Nous profitons de l’acceuil de nos hôtes sans nous débattre.

Loin de vouloir collectionner les ascensions nous avons la chance de parcourir des itinéraires majeurs du Mont-Blanc : « Ciao Vince » à la Vierge, « Buzard… » aux flammes de pierre revisitées et libérées par la cordée, sont autant de lignes qui nous enthousiasment.

A part un détour par le glacier du Nant-Blanc et les Drus, nous restons sensiblement fidèles à la partition imaginée, nous suivons notre ligne comme un marin suit son cap.

Au fil des jours, les voies s’enchainent en même temps que la fatigue commence à se faire sentir. Ce matin nous sommes au pied de la face sud du Fou qui marque notre sixième ascension d’affilée et toujours pas de journée de repos en vue. C’est à se demander lequel des deux fera en premier cette suggestion à l’autre. Trop motivé par ce créneau de beau temps qui semble enfin s’installer et certainement un peu trop fiers, nous poursuivons notre folle cavalcade, « l’écume au coin des lèvres. »

La suite dans le prochain billet de blog 😉
Christophe

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